Demande de précision

Nombre de messages : 184 Date d'inscription : 20/03/2011

Odon avait du mal à contenir son excitation. Les rapports qui lui parvenaient étaient tous concordant et l'évidence le torturait au moins autant que la vue d'un bar fermé.
Il avait hésité longtemps entre l'envoi d'un message ou la petite visite de courtoisie, pour enfin se décider et affréter une navette confortable qui devait l'emmener vers le Sénat Polarien.

Hormis l'équipage, il était seul à bord et ruminait la manière dont il allait aborder le sujet avec les Sénateurs.

Le voyage lui parut des plus rapides si bien qu'il ne se sentait pas prêt pour une confrontation qu'il devinait tendue.

Il fut conduit comme à l'accoutumée vers l'antichambre du Sénat et là, tordant nerveusement sa toge entre ses doigts boudinés, il enregistra le message.

Chers Sénateurs,

Je viens à vous le coeur lourd. En effet, les sentiments que j'ai pour ce Sénat sont contrebalancés par la tristesse (sa voix se fêla) provoquée par une nouvelle des plus désarmantes.
Il y a quelques jours, j'ai reçu sur Kindjal la visite amicale du Seigneur Odin. Je l'ai reçu avec le faste dû à son rang. Son rang de Seigneur bien sûr, mais aussi celui d'ami.
J'avais organisé en son honneur une parade qui devait exposer le potentiel de l'école féminine qu'abrite Kindjal.

Je ne m'étendrai pas sur le déroulement de la soirée et du séjour du Seigneur Odin qui fut pour moi un vrai plaisir.
A l'heure des adieux, rendez-vous fut pris pour une nouvelle rencontre.

Odon se racla la gorge et, chose impensable venant d'un dignitaire, il trouva la force de poursuivre dans le contenu d'un flacon qui exhalait de forts relents d'alcool.

Ce n'est qu'après l'appel du matin suivant qu'une chose incongrue fut découverte. Une des recrues, parmi les plus belles et les plus prometteuses, une de celle que je destinais à mon usage pers... pouf pouf, que je destinais à la carrière de Vestale du temple de Klaaa Ramo Rgan, une de celles qui font la fierté d'un peuple, avait disparu.
Une lettre laconique trônait sur son oreiller.
En substance, elle disait qu'elle était tombée amoureuse du Seigneur Odin et qu'elle le suivrait désormais où qu'il aille...

Odon s'essuya le front.

Je suis venu vous demander, Sénateurs, de bien vouloir faire en sorte que cette ... recrue soit renvoyée sur Kindjal.

Je vous remercie de votre attention.

Odon s'éloigna en maugréant.
J'ai été mauvais, nom de nom de nom d'une sauterelle en rut, j'ai été mauvais.

Le sénateur Hulk écoutait l'exposé du seigneur Odon essayant tant bien que mal de voir comment il pourrait réagir à l'annonce qui lui était faite. Lorsque celui-ci eut fini, le côté le plus violent du sénateur essayait tant bien que mal d'imposer sa loi. Ses poings durement fermés martelaient le marbre de sa table, dominés par ses puissantes épaules. Il avança soudainement sa tête, d'où sorti un bruit dont la meilleure traduction pourrait être :

-KRRRRRR!

Réussissant finalement à reprendre son calme suite aux accusations envers son ami Odin, Hulk réussit enfin à s'exprimer de façon intelligible. Redressant sa stature et faisant jouer ses muscles, il demanda d'une voix forte au seigneur Odon :

-Vous venez ici en nos terres pour porter accusations envers l'un des nôtres. Cette accusation peut avoir de graves conséquences, en avez-vous conscience ? Quelles sont vos preuves ? Vous devez savoir que nous ne pouvons guère croire de telles choses sans un minima d'argumentaires.

Son regard scruta chaque sénateur en attente d'intervention. Plus que toutes, c'est celle d'Odin qu'il attendait.

Odin humait le délicat parfum des fleurs des jardins de Polaris, dans un climat idyllique, lorsque un bruit assourdissant déchira un ciel bleu jusqu'alors éclatant.

C'était un vaisseau diplomatique, mais pas n'importe lequel, celui de son allié et ami Odon, à qui il avait la semaine passée, pris une jolie demoiselle. Il reconnut sans difficulté les armoiries religieuses du père Odon, qui avait la fâcheuse habitude de tripoter les jeunes filles. C'était d'ailleurs sans doute la raison de sa venue, récupérer la belle plante que lui avait dépossédé son ami Odin.

Entamant une marche, le général des armées polariannes arriva à l'ambassade peu de temps après son compère Redornan, qui accueillait déjà Odon, sur un ton réprobateur. Il s'approcha.

-Mon bon Odon !

Ce dernier sembla sourire de manière forcée, répondant la pareille, avant de poursuivre avec des accusations que Odin s'empressa de nier avec ferveur.

-C'est une insulte que de penser que je serais capable d'une telle chose. Votre amitié m'est précieuse, prenez garde du ton sur lequel vous me parlez seigneur et patriarche Odon, ou bien les évènements pourraient prendre une tournure que ni vous ni vos vaisseaux n'apprécieraient.

Puis, sentant le regard inquisiteur de Redornan lui demandant si oui ou non, Odon disait la vérité, Odin se contenta de hausser les sourcils. Bientôt, d'autres sénateurs accourraient, tous attendaient la réaction de Drax, cousin éloigné de Ikaris, dont le dicton une main de fer dans un gant de fer lui allait à ravir.

Nombre de messages : 184 Date d'inscription : 20/03/2011

Même si il s'était préparé à pareille réaction, le choc fut rude.

Comment? Des preuves? Je suis venu en ami, non pas avec des exigences mais avec des questions!
Je suis venu, non pas avec des indices comme un vulgaire enquêteur, mais avec la bonne foi du paisible moine que je suis!

Et c'est ainsi que je suis accueilli?!!!

Sachez que mes flottes n'ont rien à voir avec tout ceci. Vous maniez la menace avec l'assurance des forts. Je préfère tant qu'à présent la considérer comme un aveu de culpabilité plutôt que comme l'insulte qu'elle semble être.

Le ton que vous utilisâtes m'est désagréable, mais je préfère le mettre sur le compte de la honte que vous devez ressentir face à la trahison que vous m'infligez.
Il n'est pas seulement question d'une jeune femme, belle comme le jour qui nait à l'horizon, douce comme les accents des mélopées susurrées, suaves comme un fruit interdit, majestueuse comme un crépuscule sur l'arête des cimes,... hum non il n'est pas question de cela UNIQUEMENT.

Si Odin avait manifesté son désir auprès de moi, j'aurais peut-être accepté de laisser partir l'objet de ses soupirs, mais emporter cette ... douce promesse, et ensuite nier l'évidence, c'est un poignard qui me reste planté dans le coeur.

Soyez assuré que la peur m'est étrangère, vos gesticulations, si étrangères à l'esprit Polarien, n'ont aucun effet sur ma détermination.

A présent que vous avez ouvert la boite de Pandore, à mon tour de changer de ton.
J'exige solennellement réparation, hic et nunc!

Odon a écrit:: questions", "menace", "insulte", "trahison", "poignard planté dans le cœur"...

Voilà des expressions qui ne me disent rien qui vaille.
Je pars moins d'une semaine standard sur Titan, la lune où je fus créé, et voici que dès mon retour, je trouve des gesticulations et des cris au sein même du Sénat Polarien !
Vous exigez réparation ?!?
Mais qui êtes vous donc, petit homme, pour employer un tel ton vis à vis du général des armées polariannes ?!?
La reine mère Roswell, de la défunte nation AlieN, elle même, y aurait pris plus de précautions avant de s'aventurer à siffler trop fort en ces lieux !

Et tout cela pour quelle raison d'importance galactique ?
Une vulgaire querelle d'amoureux !

Les Patriarches Éternels ont coutume de dire que chacun devrait pouvoir épouser librement qui il veut... toutefois, ces notions puériles m'importent guère, ce qui me courrouce vivement, en revanche, c'est que votre ire mal placée me semble bien suspecte.

Je n'oublie pas, petit homme, que vous faites partie de l'alliance d'un Chevalier qui arpenta jadis les allées de ce Sénat.
Je n'oublie pas non plus, que ce même elfe, dévoré par son ambition maladive, nous abandonna pour régner sur un groupe de jeunes seigneurs qui quémandaient une protection.
Le Patriarche Ikaris, que je représente céans, m'avait bien mis en garde en me rappelant qu'avant de fuir lâchement ses anciens alliés, il prit un malin plaisir à semer les graines de la discorde au cœur même de cette assemblée Polarianne, tant et si bien, qu'une vive opposition ayant jailli, la lassitude gagnât certains des plus éminents d'entre nous.
Dame Falmala, Thor, Shaka et bien d'autres encore, se sont maintenant retirés, et ce ne sont pas des hasards à mon avis.

D'un autre coté, j'ai pu noter récemment, une recrudescence de sondes à proximité des colonies Éternelles.
Peut-être que certains n'y prêtent pas attention, cependant, j'ai fait analyser les débris des sondes qui se crashent régulièrement au contact des stations spatiales de défense Éternelles.
Peut-être le Sénat souhaite connaitre la nature de ces sondes ?

Je n'apprécie guère le suspense, aussi déclarais-je dès maintenant que ces sondes ont été manufacturées sur "01 Usap", Seigneur Odon.
Connaissez-vous ce monde, Seigneur Odon ?
Qu'avez-vous à répondre à cela ?
Pour ma part, j'ai déjà ma propre opinion.

Nombre de messages : 184 Date d'inscription : 20/03/2011

Odon déploya ses épaules et bomba le torse. Ce qui le rendit ridicule.

Je suis Odon, Défenseur du temple de Nyarlathothep, Grand Maître de l'Ordre d'Azathot, Echanson du Cercle des Gosiers Secs, Membre du Club des Supporters du Standard de Liege, Serviteur du Verbe et Membre du Saint Empire X-Blast.

Je suis un moine, pas même un dignitaire, un simple moine. Et je suis petit, petit comme un homme qui n'a pas oublié les vertus de l'humilité.

Seigneur Drax, je ne mordrai pas à l'hameçon et ne répondrai donc pas à des accusations fantaisistes qui concernent de Chers Absents.

Par contre, en ce qui concerne les débris qui parsèment les orbites de Mentor et Isaac, peut-être sont-ce les vents solaires qui ont amenés les traces de violents combats sur vos espaces privés. Qui pourra nous le dire?

Mais tout ceci nous éloigne du sujet.
J'ai formulé il me semble une seule exigence.
Devant le mépris affiché en ces lieux, jadis vénérés, je ne peux qu'y ajouter un ultimatum:

Ce soir, en l'absence de réponse positive de la part du Sénat Polarien, je lancerai des ordres à mes armées.

Petit?
Certes, Seigneur Drax. Minuscule même. Comme la tête d'une épingle qui se fiche dans les chairs.

Les fesses grasses et poilues du vieux moine étaient si serrées que même la sueur n'y perlait pas.

Mon service de renseignements est pourtant parmi les meilleurs, mais ils ont fait la preuve d'une désinvolture évidente en considérant que nous étions alliés.
Défenseur du temple de Nyarlathothep !
Grand Maître de l'Ordre d'Azathot !!
Le masque tombe, vous avouez donc être un serviteur des pires monstruosités que l'univers contient, à l'exception peut-être de Thanos, le dieu fou.

Et pire encore, Supporter du Standard de Liège !
Comment peut-on ici même se vanter d'être issu de ce que les plus anciennes mémoires se rappellent comme de « l'Enfer de Sclessin » ?

Regardez moi bien Odon, ressemblai-je de près ou de loin à Thor Watershei ?
Pensez-vous pouvoir étouffer les sombres magouilles de votre souverain par un revers de la main ?

Pour ce qui me concerne, la conversation est close, je rejoints immédiatement mon vaisseau amiral.
Je laisse à d'autres le soin de poursuivre les débats, si tant est que cela soit encore utile.

Drax se releva, s'enveloppa fièrement dans sa cape, fit demi-tour, puis après quelques pas, murmura un "téléportation" et ... rien ne se passa.
Tournant toujours le dos à l'assistance, il répéta à voix plus forte "Téléportation ! Qu'est ce que vous fichez ! ... Comment ça en panne !... Surement un coup de l'Empire Xblast !!"
Se retournant vers Odon, il laissa entrevoir un visage grimaçant de rage, puis, fracassant de nouveau le plafond de l'antichambre Éternelle, il fila vers les étoiles.
Puis, avisant une station de défense orbitale, il obliqua dans sa direction.

(...)

Quelques instants plus tard, une nuée de phosphènes et de débris métalliques en suspension témoignaient de son passage tandis qu'une dizaine de capsules de sauvetage fonçaient vers l'atmosphère protectrice de la planète Polarianne.

Nombre de messages : 184 Date d'inscription : 20/03/2011

Odon ne riait pas. Il ne souriait pas. Il avait conscience de ce que les mots prononcés annonçaient... fureur, destruction, deuil...

Son esprit vagabondait hors du temps. Comme un papillon de nuit qui brûle ses ailes à la flamme engourdie: il se débattait au milieu de souvenirs lointains : le sourire d'Isamaru après une facétie, la douce voix de Falmala qui cicatrisait même la tristesse, les épaules de Thor qui semblaient porter l'univers, la bonne humeur de Chocoboy, le flegme de Fabricius, l'érudition de KT...tout ces moments qui se perdent dans l'oubli, comme des larmes dans la pluie...

Puis il se reprit. Il comprit le regard accusateur de Drax et devina que ses services planchaient déjà sur la défense future.

Je suis le défenseur du Verbe murmura-t-il.
Ou du moins un de ses Adorateurs.

Ainsi l'Histoire se joue de nos sentiments
L'Honneur mérite-t-il ce sacrifice?
Au bout de nos routes, les serments
envolés, vient le temps des artifices

Sur vos socles de pierre
par les éons dépolis
vous jugez ma colère
et devenez mes ennemis

Quand par dépit ma douleur
se déguise en aigreur
Vous n'entendez que les mots
et répondez par des maux

Là où il suffisait d'écouter
Vous avez choisi d'attaquer
Quand l'ami se morfondait
Vous l'avez criblé de traits

Mon honneur, comme ma vie
ne valent pas un assaut
Mais manquer le festin servi
ferait de moi un sot.

Hulk essaye de suivre le dialogue entre Drax et Odon. Cette discussion confirma ce qu'il savait déjà, Drax était "légèrementé moins calme qu'Ikaris. Et Odon semblait avoir des affiliations peu recommandées.
Il prit une grande inspiration avant de parler. Ces mots revétaient une importance capitale. D'eux pouvait découler de nombreuses choses ... D'eux dépendait la vie ou la mort de milliers de personnes, l'apogée ou la destruction d'empires.
Le sénateur s'éleva de toute sa stature, ses yeux vrillant ceux du moine Odon, et déclara d'une voix calme et profonde :

-Ceci est donc une déclaration de guerre ? Je vous laisse la possibilité de revenir sur vos mots ...

Un mois sans réponse.
Cela ne me surprend guère, ce petit moine ventru aux propos déplacés s'en est allé se terrer dans au cœur d'un lointain astéroïde.
Peut-être le reverra-t-on dans quelque siècles mander notre pardon...

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